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Valorisation du Landes de Bretagne à la Ferme de Toulan

25 février 2022

Eco pâturage et mise en lutte des béliers

Eco pâturage et mise en lutte des béliers

L'éleveur professionnel qui réalise des prestations d'écopâturage à la saison doit choisir le mode de mise en lutte de ses béliers (en début d'été pour ma part):

  1. Soit il maintient essentiellement des brebis sur les sites d'éco pâturage auquel cas il doit fournir un bélier par site (mon choix),
  2. Soit il choisit de ramener ses brebis à la maison et ne maintenir que les agneaux et brebis de réforme sur les sites d'éco pâturage auquel cas il se retrouve dans la situation d'un élevage professionnel avec 1 ou plusieurs béliers (en hara) à lutter à la ferme.

Les conséquences ne sont pas les mêmes:

  • Dans le cas 1, il faut un nombre de béliers important, mais qui favorise la diversité génétique; par ailleurs les béliers peuvent être introduits à des dates différentes. Il est à noter surotut que les agneaux reviennent sous les yeux de l'éleveur qui peut ainsi mieux suivre leur croissance et leur finition.
  • Dans le cas 2, il faut moins de béliers, c'est plus simple à gérer, mais il est plus difficile de gérer le suivi des agneaux de viande à distance avec des sites où le fourage peut être soit un peu insuffisant, soit de moindre qualité car il n'y a pas de rotation; on ne peut également pas les peser régulièrement .

Il n'y a pas de solution idéale mais l'éleveur doit faire ses choix en connaissance de cause.

Pour ce qui concerne le Landes de Bretagne avec des agneaux à croissance lente, soit moins de 200grs/jour et plutôt 140-150 maxi pour des mâles doubles,

  • Si l'on souhaite vendre ses carcasses de 35kg de poids vif avant 1 an, la première solution est à choisir de fait.
  • Si l'on opte pour la vente d'agneaux de report ET que l 'on dispose de surface enherbées hivernales suffisantes, la solution 2 est donc possible.

 

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4 octobre 2021

Comment va le troupeau de Landes de Bretagne à la Ferme du Vallon de Toulan ?

En ce début d'automne, le troupeau profite à plein de l'herbe encore bien présente, ... mais également des glands qui tombent petit à petit: il faut voir les moutons quand on les change de pré!  C'est la course pour être la première à glander...

La majeure partie du cheptel est encore en éco pâturage (Savenay, Plessé, Blain, Malville,...) jusqu'à début novembre.

Sinon, les 17 agnelles vont se trouver bientôt gestantes comme leurs mères et l'on retrouvera toutes ensemble 81 brebis prêts à mettre bas début décembre jusqu'à fin janvier pour les adultes, fin avril pour les agnelles, ces dernières mettant bas dès la première année.

les 6 béliers seront eux regroupés vers le 20 novembre dans un pré éloigné des femelles pendant 6-7 mois.

Au niveau de la finition et départ des agneaux 2021, les premiers sont partis fin juin à 6 mois pile; ensuite le 2ème lot est parti fin août, le 3ème le 15 septembre. Le prochain partira le 12 octobre (8 agneaux à 35 kg de moyenne). Restera ensuite 2 lots de 6 début novembre et début décembre; ces derniers seront finis avec complément de céréales entières données au pré.

Pour la fin de l'année, en dehors des colis habituels d'un demi-agneau et des merguez de brebis, il y aura des saucisses sèches disponibles pendant le marché d'hiver de la Ferme des 7 chemins autour du 20 décembre...

à bientôt

Régis Fresneau

 

15 septembre 2021

Au coeur de la création de l'Organisme de Sélection, le standard et l'approbation des animaux

Au coeur de la création de l'Organisme de Sélection, le standard et l'approbation des animaux

La race Landes de Bretagne travaille depuis 2018 à la création d'un OS (Organisme de Sélection), travail que les éleveurs, réunis au sein de Denved ar vro, ont choisi de mener tranquillement en souhaitant emmener au final tous les éleveurs et n'oublier aucun type d'animaux auparavant rencontrés comme étant de la race Landes de Bretagne.

Où en est-on en cet automne 2021?

Le standard a été défini en 2019-2020 après visites d'élevages servant à repérer d'éventuels types originaux peu rencontrés dans la population jusqu'alors ainsi que 2 journées d'échanges entre éleveurs sur le sujet.

Ce standard comporte une description des animaux dans leur phénotype (les queues de rat sont éliminatoires) avec adjonction d'aptitudes focntionnelles comme les bons aplombs et la bonne mâchoire. Les types de laine rencontrés sont cités sans que ce ne soit un critère discriminant.

Des chiffres sont indiqués concernant le poids (brebis adultes de moins de 35 kg et béliers adultes de plus de 75 kg ne sont pas recherchés, ainsi que la longueur des oreilles qui ne doit pas dépasser 12 cm.

Il a été décidé dans la commission de s'arrêter à ces critères pour l'approbation en ferme des animaux dans la race, ce même si on peut ajouter des colonnes d'observation de la laine ou les variantes de couleur de robe et de toison.

Les visites d'approbation ont débuté en 2019 avec l'appui d'un technicien du CRAPAL pour l'organisation de celles-ci et la récolte des données.

A ce jour, environ un millier de reproducteurs ont été vus dont 95-97% ont été validés dans la race.

Comment se passe l'approbation?

Tous les reproducteurs de plus d'un an sont observés.

Un minimum de 2 éleveurs approbateurs (dits "experts") sont présents avec le technicien CRAPAL.

  • Un éleveur se met à l'avant, lit le N° de boucle et regarde et commente à haute voix la dentition, puis le type et la robe, puis son jugement final (oui ou non),
  • Un éleveur se met à l'arrière, regarde et commente la queue (longueur et présence de crosse), puis le type et la robe, puis son jugement final (oui ou non),
  • Un 3ème éleveur ou le premier observe les aplombs arrière à la sortie de l'animal du couloir.
  • L'éleveur propriètaire des animaux pousse les animaux mais reste à petite distance des approbateurs afin que la discussion soit permanente, utile et partagée.
  • Le technicien du CRAPAL recueille les données, l'avis et prend qq photos si besoin.

Cette approbation se passe d'autant plus efficacement et rapidement que:

  • les animaux sont dits purs (non croisés) et dont le phénotype est dans le standard,
  • les approbateurs sont expérimentés à juger l'animal du premier coup d'oeil quand il est dans "les clous", ou à deviner un souci lié à croisement récent ou non.

Il est probable que le travail le plus important soit dans cette obtention "d'expérience nécessaire". Les approbateurs doivent d'abord très bien connaître la race et ses différents phénotypes (visiter beaucoup d'élevages en dehors du sien), ils doivent également connaitre des effets de croisement avec d'autres races sélectionnées voisines (Vendéen, Rouge Ouest, Bleu du Maine, Solognot, Avranchin,..).

Il est donc important de renforcer la présence d'éleveurs dans ces visites afin que chacun puisse gagner en expérience visuelle et devenir approbateur.

Il est également envisagé une journée spécifique de formation à l'observation des effets de croisements les plus courants.

NB: On pourra à terme remplacer approbateur par expert ou jury.

Régis Fresneau - 15 septembre

9 novembre 2019

Bien choisir la date de mise bas en race Landes de Bretagne

Mise bas de début hiver ou de fin février?

Mise bas de début hiver ou de fin février, il y là un vrai choix d'éleveur, un choix technique qu'il faudra assumer jusqu'à la commercialisation de ses agneaux...

J'évoque ici mon expérience qui se déroule sur des prairies permanentes dont certaines sont humides: ça n'est donc ni du RGA-trèfle, ni du parcours...

Mise bas de début hiver:

Là on choisit une lactation d'hiver où la mère sera soutenue par du foin voire un peu de céréales et où l'agneau profitera du meilleur de la qualité de l'herbe du printemps avant et surtout après son sevrage vers 4-4.5 mois; sa croissance sera donc bien avancée fin juin. Et certains agneaux nés simples pourront être commercialiés autour de 6 mois si tout va bien. Les autres attendant la rentrée pour être petit à petit commercialisés sans qu'il n'y ait dans cette race de véritable différence de goût (à objectiver quand même) liée à l'âge entre 6 et 10 mois. Il me semble que certains morceaux (collier voire côte première prennent un goût plus renforcé après un an).

Mise bas de fin février:

Là on choisit de privilégier la pousse de l'herbe pour la mère qui va donc avoir une lactation optimisée, les agneaux qui en seront sevrés seront très beaux début juillet. la question est alors: qu'est-ce qu'ils ont à manger de qualité dans l'été pour finir croissance et finition? Qu'avez-vous à leur apporter pour que la croissance, qui va se réduire, ne se "casse" pas. Il est très compliqué de faire redémarrer une croissance qui s'est stoppée; ça peut prendre quelques mois.. N'ayant pas trouvé moi-même la réponse avec les moyens entre mes mains (type de prairie et race tardive), je n'ai donc pas choisi cette période de mise bas. Ceci dit, mes agnelles d'un an mettent bas à cette période car je préfère qu'elles soient décalées des adultes et que justement elles profitent de la bonne nourriture du printemps (sans concurrence à l'auge) pour assumer leur lactation.

5 mai 2019

Sortir la viande d'agneau Landes de Bretagne de la confidentialité

Sortir la viande d'agneau Landes de Bretagne de la confidentialité?

Le mouton Landes de Bretagne est sorti d'affaires; même si un programme de maintien de la variabilité génétique doit être activé, on peut dire que la disparition est derrière nous.

Une grosse vingtaine d'éleveurs élèvent cette race professionnellement en vue de production d'agneaux la plupart du temps en bio. La commercialisation de la viande se passe bien et aujourd'hui, chaque producteur arrive à écouler sa production sans trop de problèmes, que ce soit majoritairement en vente directe ou via des restaurateurs.

Est-ce pour cela que le Landes de Bretagne et sa viande sont reconnus ou du moins connus? Non abslolument pas et là-dessus tout reste à faire...

Pourquoi faut-il se mettre en mouvement ?

  • Parce qu'une race reconnue pour ses produits devient crédible au yeux du para agricole qui traite les dossiers des jeunes éleveurs autant que via ses données technico économiques,
  • Parce que les futurs éleveurs souhaiteront peut-être vendre en circuit plus long,
  • Parce que les artisans du goût que sont les restaurateurs et bouchers peuvent nous aider à promouvoir notre race et nous le formulent régulièrement...

Marque, label, AOP/IGP, autres moyens ?

Il me semble qu'au vu de la production actuelle ou à venir, il ne soit pas accessible de viser une IGP voire AOP car ça entrainerait des coûts de contrôle que nous ne sommes sans doute pas prêts à assumer;

Nous avons déposé fin 2017 une marque au nom de l'association des éleveurs - L'Agneau Landes de Bretagne - mais rien n'a été fait pour le moment pour l'utiliser. Les éleveurs semblent d'ailleurs préférer l'utiliser en tant que faire valoir d'un système d'élevage vertueux autour de cette race rustique.

Je pense que, dans un premier temps, une promotion plus légère et simple soit déjà abordable (réalisable, partageable) et suffisante.

Savons-nous faire cela seuls?

Je ne le pense pas, ou du moins ça prendrait beaucoup de temps avant d'obtenir les résultats escomptés. Par ailleurs, nous formulons souvent notre proximité avec des consomm'acteurs qui sont invités à nous appuyer dans notre acte de production alimentaire.

Elargir le cercle:

Les éleveurs intéressés par le sujet (en commençant par ceux du 44), le groupe Slow food de Nantes (les ptits beurrés nantais), quelques restaurateurs, un ou deux bouchers déjà repérés,.. semblent pouvoir faire une communauté équilibrée autour de la mise en valeur de la viande d'agneau Landes de Bretagne.

Cette idée fait suite à la dernière Fête de la vache nantaise (septembre 2018) à Plessé (44) où l'on a pu y voir travailler ensemble des éleveurs, des bouchers et des restaurateurs pour le plus grand bonheur d'un public conquis par la formule...

Nous vous en reparlerons prochainement ...

à suivre

 

Régis Fresneau

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4 octobre 2018

Mon vécu personnel avec le mouton Landes de Bretagne

Mon vécu personnel avec le mouton Landes de Bretagne

Introduction

L’histoire que j’ai contribuée à écrire sur cette population ovine, aujourd’hui en plein renouveau, débute pour moi  en 1994 avec la constitution d’une ferme pédagogique à vocation conservatoire à la Maison de la nature du Bois Joubert Donges (44). J’ai eu à prospecter et acquérir les animaux des races pressenties outre la vache Nantaise déjà présente depuis 1985 (Moutons Landes de Bretagne et Belle-île, Chèvres des Fossés et Poitevine, porc Blanc de l’Ouest, poule Noire de Challans, …). A ce moment-là je dois avouer que je n’avais jamais entendu parler de cette population ovine.

De 1994 à 2018, il s’est passé beaucoup de choses au niveau de la dynamique, dynamique qui a été partagée jusqu’à présent entre un certains nombres d’acteurs différents, mais on s’aperçoit  que la progression des effectifs, notamment depuis 1998, a été très forte et à peu près linéaire (+15 à 18% par an) ; et tous ceux qui y ont contribué peuvent être fiers de cette action emblématique de la conservation sur le terrain.

- . - . - .-

Pour moi, l’action de conservation du mouton Landes de Bretagne commence en 1988 avec l’acquisition de reproducteurs en Brière par un technicien animateur (Pierre Le Floc’h) de la Réserve SEPNB de Goulien Cap Sizun pour gérer les falaises et favoriser le retour du Crave à bec rouge. On peut considérer que c’est le premier troupeau conservatoire du Landes de Bretagne, d’autres viendront rapidement ensuite (Réserve de Séné, Ecomusée du pays de Rennes, PNRA, Ferme des vallées en Charente,..).

Mais il faudra attendre 1995 et une première réunion à Donges (44), initiée par le Pr Bernard DENIS de l’Ecole vétérinaire de Nantes, réunissant les premiers intervenants autour de ce mouton ; de mémoire (puisque j’y étais) il y avait M.Lévèque (St lyphard – élevage fondateur), P.Martin (Missillac – élevage fondateur), P. Le Floc’h (réserve cap Sizun), Ferme des Vallées (ferme pédagogique en Charente), G.Bono (éleveur particulier 56), L.Reveleau, B.Denis et X.Malher (Ecole vétérinaire de Nantes). Mes excuses à ceux que j’oublierais…

 

L.Reveleau en démonstration pratique avec groupe d’éleveurs Landes de Bretagne à l’Ecomusée du pays de Rennes en 2008

Louis Reveleau a exercé pendant l’essentiel de sa carrière en tant que professeur de zootechnie au CEZ de Rambouillet où on peut dire qu’il a connu et formé des « bataillons » de bergers et futurs éleveurs ovins de toute la France. Il y a suivi de près le cheptel unique de Mérinos de Rambouillet et participé à la création de l’INRA 401 (aujourd’hui dénommée Romane). Il a également accompli dans les années 90, pour le compte du Ministère, des actions de repérage, inventaire de troupeaux dans une dizaine de races à petits effectifs du Nord Ouest de la France – des races normandes au Berrichon de l’Indre en passant par le Bleu du Maine et la population qui nous concerne aujourd’hui.

 

En 1995, Louis REVELEAU effectue une tournée d’élevages (Martin, Lévèque, Cap Sizun, Ville de Douarnenez, ferme EDE de Mauron,..) et réalise des pesées-mensurations. Ces mesures montent une certaine hétérogénéité du format des brebis. Il conclura à cette époque qu’il faudra « rester très libéral  dans l’appréciation des caractères phénotypiques ».

Une deuxième réunion en 1996 réunira à peu près les mêmes personnes. Ces rendez-vous informels auront un réel mérite, celui de conforter les deux élevages fondateurs ainsi que les premiers sites conservatoires qui en sont issus. Ils les encourageront ainsi à poursuivre dans l’élevage de cette population des Landes de Bretagne qui commence à renaître.

Les deux élevages fondateurs :

 

  • Maurice LEVEQUE : a des Landes de Bretagne depuis longtemps (se parents en avaient déjà). Il a été le seul, des quatre familles briéronnes à éleveur de manière permanente du Landes de Bretagne sur la Butte des pierres (île briéronne), à prendre conscience de la nécessité de retirer ses animaux afin d’éviter les croisements inévitables avec les béliers de races sélectionnées arrivés sur la butte au début des années 80. Décédé prématurément en 2005, son troupeau mené conjointement avec son cousin (D.Lebeau) n’a pas perduré au-delà de 2008. A noter que les briérons faisaient saillir leurs brebis par les agneaux de l’année, donc un nombre important de mâles, ce qui a probablement permis de débuter une sauvegarde avec une population riche d’une bonne diversité.

 

  • Paul MARTIN  de Missillac : a acquis en 1976 des animaux chez Armand BELLIOT en Brière, ce qui a permis de considérer cette souche comme fondatrice. Il a élevé des Landes de Bretagne jusqu’en 2017, merci Paul pour ta persévérance, pour tous les reproducteurs que tu as fournis en 30 ans et toutes les informations transmises aux nouveaux acquéreurs, quelles soient techniques ou historiques !

 

 

En février 1998 a été créé le CRAPAL (Conservatoire des Races Animales en Pays de la Loire) sous l’impulsion de la Région qui souhaitait une interface avec les associations d’éleveurs, et de l’Institut de l’Elevage (IDELE aujourd’hui). Alors salarié SEPNB-Bretagne Vivante au Domaine du bois Joubert, j’en fus le premier animateur. Dès l’automne suivant, j’accompagne L.REVELEAU pour une tournée exhaustive des élevages Landes de Bretagne (la tournée en mouton Belle-île suivra en décembre 1998). C’est à ce moment-là que j’ai compris deux choses importantes grâce à L.REVELEAU :

  1. Pour une sauvegarde dynamique efficace, rien ne remplace les visites de terrain.
  2. On va peut-être pouvoir faire quelque chose de ce petit mouton non sélectionné.

Mais je vais revenir sur ces deux points :

1. Les visites de terrain permettent :

  •  non seulement de recenser et authentifier des animaux appartenant à une population recherchée, certes hétérogène dans ses formats retrouvés mais finalement assez homogène dans ses variétés de couleurs observées,
  • Mais également de conforter l’éleveur visité à poursuivre dans cette voie, lui dire qu’il n’est pas seul et que du groupe d’éleveurs se formant sortira des besoins d’échanges de reproducteurs et des initiatives, pourquoi pas, de valorisation,
  • Et puis parfois (souvent ?) de faire passer quelques conseils techniques favorables à un élevage simple avec des interventions limitées mais incontournables.

 2. Que faire de ce petit mouton non sélectionné, de petit gabarit et non conformé ?

Dès 1998, deux éleveurs professionnels en agriculture biologique se lancent dans sa valorisation viande (P.ANDRE du 29 et F.CHEVALLIER du 44), en vente directe auprès des consommateurs. Ceux-ci constateront tout de suite une viande atypique, rouge et goûteuse avec un gras blanc et ferme.

Les débuts de la sauvegarde ont vu un attrait pour ce mouton jugé rustique à des fins de gestion de sites naturels ou historiques. C’est ainsi qu’on a pu le voir (puisque ces sites sont ouverts au public) sur les réserve de Goulien cap Sizun (29) et de Séné-Falguérec (56), ainsi que le site mégalithique de Carnac (56) où un petit cheptel a été installé en février 1996 pour « abroutir »[1] les ajoncs afin n’envahissent pas – tout en restant présents - les alignements de menhirs (expérimentation appuyée techniquement par L.REVELEAU et scientifiquement par jl.TOULLEC de la SEPNB).

 

A la fin  des années 90, il n’est pas encore évoqué de création d’association d’éleveurs, le CRAPAL poursuit donc ses tournées d’élevage, les liens téléphoniques et la mise à jour d’un fichier partagé d’élevages qui s’étoffe de plus en plus (voir tableau plus bas).

L.REVELEAU, en tant qu’enseignant, propose également des journées de formations techniques (interventions minimum, manipulations simples). Plusieurs se dérouleront, soit à l’Ecomusée du pays de Rennes, soit au Domaine de Menez meur (29 – propriété du PNR Armorique). Pour l’anecdote, les éleveurs qui les ont suivies s’en rappellent aujourd’hui et en citent tout l’intérêt d’alors pour eux.

 

Les performances zootechniques de cette population évoluent rapidement avec l’amélioration du niveau alimentaire : ainsi, on a pu remarquer une augmentation du format avec des brebis qui dépassent largement les 50 kg et de la prolificité avec des lots à 1.5-1.6 (contre 1.2 dans les années 80).

 

Recherche tremblante :

Lorsqu’en fin des années 90 ( ?) sort la crise de « la vache folle », l’Etat cherche à montrer « patte blanche » en mettant en place un programme de recherche et de lutte contre la tremblante ovine (maladie ayant un peu les mêmes effets  que pour les bovins avec l’ESB) les races dites sélectionnées s’y engagent et commencent à sélectionner des béliers, uniquement porteurs du gène de résistance à la tremblante (ARR/ARR). En 2002, le CRAPAL (comme le Conservatoire d’Aquitaine) est sommé de s’y engager comme pour les grandes races ovines. Nous insistons alors sur le fait que nous serions d’accord pour effectuer un sondage dans la population mais que nous nous refusions à effectuer une quelconque sélection génétique (mise de côté d’une partie des animaux) qui ne nous semblait pas du tout opportune à ce moment de la sauvegarde. 191 prélèvements vont avoir lieu (réalisés par L.Reveleau et R.Fresneau) sur plusieurs années : Les résultats (fréquence de 58% ARR « résistants » – 42% ARQ « peu sensibles) rassurent les intervenants autour du Landes de Bretagne puisqu’on n’y a pas alors décelé d’animaux VRQ « très sensibles». Nous en resterons donc là sur ce sujet.

 

Evolution des élevages et des effectifs en race Landes de Bretagne

 

 

En 2004, les effectifs sont alors de 700 brebis dans 80 sites (élevage d’au moins 1 brebis avec un bélier de pure race), quelques éleveurs décident de créer une association concernant deux races, bretonnes à leurs yeux (Landes de Bretagne et Belle-île). Celle-ci prend le nom de « Moutons des pays de Bretagne – Deñved ar vro ». On se remémorera la passe d’armes interne entre les éleveurs bretonnant et les autres du pays gallo pour finalement opter sagement pour une appellation dans les deux langues. Cette association va plutôt être animée au début par des éleveurs amateurs ; pendant les dix premières années, les professionnels, peu nombreux alors, n’en prenant pas les commandes. Cette situation changera petit à petit ensuite jusqu’à ce que les professionnels soient largement représentés depuis 2014.

Parallèlement, le CRAPAL, avec des moyens de la Région Pays de la Loire et du Ministère) va poursuivre son rôle de suivi de l’ensemble des élevages (principe d’exhaustivité) car tous les éleveurs n’adhèrent pas (encore ?) à l’association (50% seulement). Il faut noter que cette dernière ne partage pas son listing d’éleveurs auprès de chacun des détenteurs, ce qui occasionnera des remarques de la part du CRAPAL (une information qui  circule librement renforçant les liens et dynamisant la création de nouveaux élevages). Le CRAPAL va ainsi récupérer pas mal d’adresses nouvelles transférées à l’association.

 

Conservation ex-situ :

Si pour le mouton Belle-île, une opération de congélation de semences de béliers a été envisagée puis réalisée en 2001 (2 béliers) puis en 2015  (2 béliers), cela n’a pas été jugé alors comme une action fondamentale pour le Landes de Bretagne, conjointement par les éleveurs, le CRAPAL et l’Institut de l’Elevage (au vu de la dynamique de redressement de cette population avec présence d’un nombre important de béliers en service dans les élevages). On pourrait se poser la question aujourd’hui : personnellement je n’en pense pas grand-chose d’autant plus que ma préférence va toujours d’abord au soutien in-situ (des élevages), plutôt qu’ex-situ. Cependant, si des moyens supplémentaires étaient octroyés, on pourrait envisager la collecte de béliers :

  1. représentatifs de la situation actuelle, ceci avant la transformation de cette population au fil du temps notamment par les éleveurs professionnels,
  2. représentant des souches ou des phénotypes isolés (y en a-t-il ?).

A partir de 2007, l’Association se dynamise avec un nouveau bureau, parallèlement à l’accès au financement de la région Bretagne ; Ces nouveaux moyens, coordonnés par le PNR Armorique (J.SERGENT), vont permettre d’envisager de nouvelles actions telles que les formations nouveaux éleveurs, formation tri de la laine à partir de 2011, et surtout le lancement de la première expérimentation de valorisation laine par la commission laine de l’association (en 2011 puis 2012). Ce premier stock de laine à tricoter sera revendu à B.OSBORNE quand il créera « Les Toisons bretonnes ». Une marque collective « Laine de Bretagne – Gloan breizh – British wools » est déposée par l’association en 2011. La commission laine n’a pas perduré alors et on en est aujourd’hui à espérer que plusieurs membres s’en resaisissent et permettent à tous ceux qui sont intéressés de s’y joindre petit à petit afin que l’essentiel de la laine, aujourd’hui majoritairement jeté, puisse être valorisé.

Un groupe professionnels se créée au sein de l’association en 2013; il a pour but de réfléchir aux actions qui permettraient de s’améliorer techniquement, de mieux connaître la race et ses produits afin de les promouvoir correctement, d’accueillir les porteurs de projets en leur fournissant des données fiables avant leur installation… Ce groupe s’est réuni plusieurs fois en 4 ans mais demande à mes yeux à être dynamisé avec l’aide conjointe de nos deux fédérations régionales et leurs animateurs-trices.

Une marque est déposée en novembre 2017 « L’agneau Landes de Bretagne ». Il reste maintenant à dynamiser celle-ci d’une manière collective. Il semble au premier abord que les éleveurs souhaitent plus en faire un outil de communication global de promotion de la race qu’un outil de promotion individuel de la viande d’agneau à utiliser par chacun au-travers de sticks collés sur chaque colis.

Nous n’en sommes qu’au début du renouveau du Landes de bretagne, de plus en plus de jeunes s’y intéressent et créent des cheptels professionnels, dont 2 passent maintenant les 200 brebis ; mais la valorisation, bien que se faisant sans difficulté en vente directe auprès d’un public à la recherche de racines autant que de goût, reste confidentielle. Tout reste donc à inventer, si possibkle collectivement : relier systèmes d’élevage et d’engraissement aux produits, objectiver les qualités organoleptiques, savoir en parler, se faire connaître et reconnaître, installer une renommée, ....

En attendant, il y a rapidement un palier à franchir par chacun des éleveurs professionnels, c’est la fierté d’élever cette race bretonne : le penser c’est bien, le dire c’est mieux !

Voilà en quelques mots mon vécu autour de cette race qui m’est chère. L’histoire continue … et plus nous serons à l’écrire, plus elle en sera riche et partagée. Le Landes de Bretagne a de beaux jours devant lui, gageons que les éleveurs sauront le porter hauts et fiers.

Régis FRESNEAU – octobre 2018

PS : Cet article a vocation à s’étoffer et s’amender le cas échéant.



[1]Le fait que les moutons mangent chaque été la pousse annuelle encore molle et appétente permet à l’ajonc de garder un format petit et arrondi.

29 juin 2018

Pourquoi élever des moutons de race locale?

Interview du média web Reporterre le dimanche 10 juin à la Foire aux béliers - Ecomusée du pays de Rennes

https://reporterre.net/IMG/mp3/2018-06-10_-_1m1q_regis_fresneau_mp3.mp3

 

21 avril 2018

Peser les agneaux à la naissance ?

Personnellement, je pèse les agneaux à la naissance depuis 10 ans parce que Louis Reveleau, ancien Professeur de zootechnie au CEZ de Rambouillet, l'avait conseillé, à moi et autres éleveurs professionnels de Landes de Bretagne ou Belle-île l'ayant cotôyé. Ce conseil me parait aujourd'hui avoir autant de valeur parce qu'une corrélation a été régulièrement établie entre le poids à la naissance et le poids final d'agneaux à âge comparables. De même que ce poids de naissance est en lien direct avec la mortalité péri natale: plus l'agneau ets lourd, plus il a de chances de vivre au delà de 5 jours.

La moyenne de poids obtenus (3.1kg pour les mâles et 2.8kg pour les femelles) ainsi que les écarts ( de 1.5kg mâle double à 4.4kg mâle simple) me permettent également d'apprécier la préparation à la mise bas des brebis, même si cela se fait après coup ...

Je ne saurais donc que conseiller à chacun des nouveaux éleveurs professionnels de peser leurs agneaux notamment à la naissance.

 

22 décembre 2017

Observer le comportement de ses brebis autour de la mise bas

La période des mises bas est intéressante pour observer le comportement de ses brebis. On s'aperçoit très vite que ce comportement change avec la naissance des agneaux: la brebis peureuse ne bouge presque plus à l'approche de l'éleveur, la brebis plus douce changeant en proportion beaucoup moins.

C'est probablement le meilleur moment pour entrer en contact avec la brebis peureuse ou indépendante. Prendre ses agneaux tout en les montrant à la brebis permet de les boucler et peser; si de plus on lui parle doucement et effectuons des gestes calmes, la brebis est toujours rassurée, il arrive même qu'elle  confonde les mains de l'éleveur et son agneau.

Pour moi c'est un moment important auprès de mes brebis Landes de Bretagne, qui sont plutôt vives de nature ...

Une autre observation concerne le rejet et la non adoption:

  • le rejet: parfois, un agneau est rejeté par sa mère: chez moi avec Landes de bretagne, c'est assez violent (la brebis peut choquer l'agneau contre la paroi) et définitif sauf en présence d'un agneau vif qui se mettrait à têter par derrière dès le premier jour.
  • l'adoption: je n'y suis pas arrivé à ce jour, je n'ai pas essayé non plus de revêtir l'agneau à adopter par la peau de celui de la brebis qui est mort; Il semble tout de même qu'en présence d'une race archaïque comme le Landes de bretagne, l'adoption ne fasse pas trop partie de ses gènes...

Pour terminer, je voudrais évoquer le rôle de l'éleveur au moment d'une mise bas - le couple mère-agneau:

  • en extérieur: laisser la brebis dehors est la meilleure solution à condition d'être en face d'une brebis expérimentée avec 2 agneaux maxi, rentrer la primipare peut lui permettre de découvrir son agneau tranquillement.
  • en intérieur: mettre la brebis primipare en case peut lui laisser le temps d'apprendre à découvrir son agneau; dans tous les cas, séparer les débutantes qui vont passer trop de temsp à démêler quel agneau est à qui?

La sortie du troupeau le matin (si sortie il y a) doit se faire tranquillement en surveillant que chaque petit parte bien avec sa mère, c'est autant de temps de gagné par la brebis pour commencer à brouter. Il est évident que c'est applicable pour un cheptel de 80 brebis, probablement moins à 300 brebis ...

11 novembre 2017

Finir ses agneaux Landes de Bretagne avant noël, ou les garder en agneaux de repport ?

La question peut se poser en fonction du système d'élevage et de la date de mise bas.

En cas de mise bas d'hiver (décembre à mi-février), selon que les mères puis les agneaux auront accès à une herbe riche et en grande quantité, les agneaux feront une croissance suffisante pour être abbatus entre 7 et 11 mois. Si ce n'est pas le cas et qu'à la pesée (il peut être stratégique d'avoir une bascule), les agneaux stagnent en début d'automne à 25kg, un choix devra être fait par l'éleveur:

  1. Les complémenter avec du foin et des céréales (jusqu'à environ 400grs/jour en 2 apports) pour qu'ils soient sûrs d'atteindre au moins 32kg au départ boucherie avant noël,
  2. Les laisser au pâturage puis passer l'hiver et les repeser fin mars pour aviser de leur date de départ à la boucherie (fin avril avec finition ou fin juin à l'herbe seulement.

on voit bien là que l'éleveur fait en fonction de son système herbager (prairie temporaire en paddocks, prairie permanente ou naturelle, parcours, landes,  ..) et que ses choix vont influencer sur le résultat de carcasse. On veut dire par là que, au-delà du poids de carcasse recherché le plus élevé possible (rendement carcasse/poids vif = autour de 45%), on recherchera la note de gras de 3 (ex O3 sur la fiche d'abbatoir).

Les dégustations à l'aveugle réalisées avec l'appui du CRAPAL n'ont pas véritablement déterminées de différence flagrante entre les viandes issus d'animaux d'âges pourtant sensiblement variables; la poursuite de celles-ci doit contribuer à objectiver cette appréciation.

 

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Valorisation du Landes de Bretagne à la Ferme de Toulan
  • Le mouton Landes de Bretagne est une race bretonne rustique à petits effectifs présente sur tout le massif armoricain. Il est valorisé sur mon exploitation - Site de l'association Denved ar vro dont je suis membre https://moutonsdebretagne.fr/
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