la viabilité économique d'un élevage ovin Landes de Bretagne

Plusieurs professionnels élèvent  du Landes de Bretagne depuis quelques années (1998 pour les 2 premiers). L'on commence à avoir du recul et, sans entrer dans la comptabilité de ces éleveurs, ils affirment que c'est viable mais sous conditions:

• Obtenir de faibles coûts d'élevage notamment en bio
• Faire attention aux coûts d'abattage-découpe:
• Vendre en direct son produit et au bon prix

Revenons sur ces 3 conditions:

1. Faibles coûts d'élevage: en effet, le premier argent gagné est celui qui n'est pas dépensé; il faut donc par exemple éviter en système herbager d'avoir à renouveler souvent les prairies et d'acheter des amendements bio toujours assez onéreux; si besoin de complément céréalier pour les animaux, tâcher de produire à la ferme; bien gérer son cheptel pour limiter traitemnts curatifs coûteux ..
2. Coûts abattage-découpe: c'est parfois un service très coûteux; on a cité plusieurs fois un montant de plus de 5€ par kg vendu, ce qui est considérable; d'ailleurs, à ce prix là on peut se poser la question de la découpe à la ferme avec un labo aménagé (individuel, ou mieux collectif).
3. Vendre en direct son produit et au bon prix:

          Vendre en circuit-court est indispensable pour plusieurs raisons:

• Aucune filière ne nous attend pour acheter nos agneaux, au contraire, tout sera bon pour les dévaloriser (faible conformation, couleur trop rouge de la viande)
• Garder la valeur ajoutée plutôt que la partager, souvent à notre détriment, avec des intermédiaires aval
• Faire connaître cette race par le produit nécessite d'être en contact direct avec le client, le boucher ou le restaurateur
• Une viande aussi "originale" mérite qu'on la promeuve nous-mêmes

          Vendre au bon prix:

• Le prix de vente, établi en TTC puisque vendu au client, se calcule en fonction des pratiques du secteur, de tarifs bio (ou non), de son coût d'abattage-découpe; celui-ci se situe souvent entre 12.5 € et 14.50 €/kg vendu. Ne pas démarrer trop bas sinon c'est difficile de rattrapper ensuite (augmentation graduelle seulement). ne pas démarrer trop haut non plus car ça risque de ne pas réagir dans le potentiel clientèle.

Sachant que nous sommes maintenant une quinzaine d'éleveurs professionnels, qu'un nouvel élevage professionnel se créée chaque année (en moyenne) et que nous sommes en contact avec plusieurs jeunes ayant un projet (non concrétisé pour problème foncier le plus souvent),

Combien faudrait-il de brebis pour espérer en vivre à 1UTH?

Bonne question: aujourd'hui, personne ne pratique cet élevage en monoproduction.

Si l'on admet:

• qu'un chargement moyen de 6 brebis/hectare est suffisant pour des surfaces en prairies permanentes ou naturelles,
• que le résultat obtenu chez moi est de: marge nette 92 €/hectare (chiffres 2010)
• qu'il faille obtenir un EBE (Excédent Brut d'Exploitation) de 25 000 € pour couvrir remboursement emprunt et prélèvements familiaux:

Il nous faudrait élever au minimum 270 brebis sur au moins 45-50 hectares pour que ce soit viable.

Ce calcul personnel, dans l'attente d'une étude approfondie réalisé lors d'un futur stage, est un début de proposition de référence technico économique sur l'élevage professionnel en Landes de Bretagne. C'est un questionnement auquel Il nous faudra  répondre de plus en plus souvent si l'on veut installer de nouveaux éleveurs professionnels, la production de références servant dans ce cas aussi bien au nouvel éleveur, qu'à la banque pour apprécier la crédibilité du projet.

Régis Fresneau